Danses traditionnelles




La danse fait partie de la culture polynésienne ; les gens y sont initiés dès l’enfance. Il existe différents styles de danse variant en fonction des messages à transmettre ou en fonction de l’occasion. Bien qu’interdit après l’arrivée des Européens en raison de son caractère sensuel et suggestif (particulièrement quand pratiqué par les femmes), cet art populaire est en remontée depuis les années 1950 dans les îles polynésiennes. Un tel regain de popularité permet de mieux comprendre les variantes, les styles et les types; leur signification et leur origine n’est généralement connue que des participants et des initiés. 

C’est en ce sens que nous parlons des danses polynésiennes. Source évidemment de plaisir pour les adeptes, ces danses constituent aussi un moyen de communication sociale. Par l’intermédiaire du corps en entier, elles permettent d’exprimer des sentiments forts (la joie par exemple) ou des messages à caractère politique ou juridique (Fayn, 2001). Elles racontent en outre des histoires montrant en quelque sorte les fondements des faits et gestes de la vie quotidienne, de la vie de couple, des sentiments, des grands évènements passés, de la mythologie (Durand, 2003).

Caractéristiques

Tant les hommes et que les femmes peuvent s’adonner à l’art de la danse polynésienne. Tout dépendant des chorégraphies, les deux sexes se côtoient ou sont séparés. Il n’y a ni limite d’âge ni maximum de figurants. Il peut arriver de retrouver de très jeunes danseurs et danseuses dans les troupes, et ce, sans que leurs mouvements et que leur interprétation ne détonnent : tous impressionnent fortement. C’est plutôt la classe sociale et la provenance (famille, clan) qui déterminent les différences en termes de participation à un type de danse plutôt qu’à un autre. (Fayn, 2001)

Plus techniquement, on reconnaît dans la gestuelle de la danse polynésienne le fameux roulement des hanches des danseuses, maîtrisé et presque constant. Mais les mouvements des bras et des mains sont également très présents ; ils permettent d’accentuer de multiples jeux de doigts significatifs. Autrefois, il était même possible de voir des « gestes de bouche » pendant les chorégraphies (plus rares de nos jours). (Fayn, 2001) Quant à la musique donnant le rythme à la danse, elle est essentiellement produite par des tambours et des flûtes nasales. À certaines occasions, comme lors des démonstrations faites aux touristes ou lors de concours de danse, des chants se joignent à l’accompagnement musical. (Fayn, 2001)

Autrefois, les vêtements des danseurs et des danseuses étaient faits de tapa, une étoffe rigide constituée de fibres végétales. Les femmes portaient la jupe jusqu’aux chevilles, et leur poitrine était cachée par des noix de coco coupées en deux et polies. La jupe des hommes était plus courte (genoux) et, tout comme les femmes, les danseurs portaient une coiffe fabriquée à partir de fibres végétales tressées, de couleur neutre, et parées de coquillages. Aujourd’hui, il y a plus de fantaisie dans les costumes « traditionnels » de danse. Le tapa est souvent remplacé par un pareu (paréo en français), et les jupes sont généralement faites d’un feuillage. Les femmes se couvrent la poitrine avec un vêtement en tissu ou bien avec des feuilles, à la manière d’un maillot de bain. Les coiffes sont constituées de fleurs fraîches et de feuillages naturels de couleurs vives. (Durand, 2003)

Caractère politique et juridique
La danse accompagne les Polynésiens à chaque étape importante de leur vie. Il y a ainsi de ces rituels lors des événements communs (naissance, mariage, funérailles, etc.) ou à des moments particuliers, par exemple à la suite d’une guérison après une grave maladie.

Outre ses aspects ludique, social et personnel, la danse peut encore avoir en Polynésie une valeur politique. En effet, la danse contribue au maintien des bonnes relations entre les dignitaires lors de rencontres officielles. Les chefs organisent des heiva, un divertissement où il y a des prestations de danseurs faites en l’honneur des chefs invités, une façon symbolique de saluer les amis ou encore de souhaiter la bienvenue aux étrangers. Les danses sont également présentes lors de la remise d’offrandes (d’un chef à un autre ou à un invité de marque). Les heiva peuvent servir aussi à remercier la population à l’occasion de grandes réjouissances. Traditionnellement, un chef pouvait « offrir des danses » (en guise de gratitude et à titre honorifique) à un guerrier qui s’était particulièrement illustré lors d’une bataille. Pour ces occasions, les costumes des danseurs étaient richement décorés. (Fayn, 2001)

Les danses traditionnelles polynésiennes peuvent prendre une signification juridique lorsqu’elles permettent de sceller la paix et de ramener l’amitié entre deux familles ou deux clans. Elles symbolisent la volonté de réconciliation et de pardon lorsque l’une des parties a subi des pertes humaines. La danse pratiquée lors de ces occasions se nomme Hura. http://www.youtube.com/watch?v=vHEtaxKexF8&feature=related
 



Des chorégraphies diverses

Voici quelques types de danse polynésienne :
-       Le ‘ote’a est une danse guerrière qui place les acteurs en rangées distinctes ; hommes et femmes bougent très rapidement au rythme des tambours. Les femmes forment gracieusement des figures géométriques, leurs mouvements sont également accompagnés du roulement de hanches caractéristique, lequel est provoqué par la flexion successive des genoux. De leur côté, les hommes aux tatouages imposants effectuent un mouvement répétitif nommé paoti, lequel consiste à écarter et ramener les genoux de façon convulsive, et ce, avec les talons joints et les jambes fléchies (Durand, 2003).






                  L’aparima est une danse plus lente, accompagnée par le rythme des guitares et (à l’occasion) par des chants. La chorégraphie met cette fois davantage l’accent sur les mouvements des bras et des mains (Durand, 2003).



                  Le paoa était autrefois effectué, au rythme des chants, par une femme lors de la fabrication du tapa. Aujourd’hui, cette danse joyeuse implique plusieurs danseurs intervenant en couple au centre de la troupe ; ces figurants, accroupis, frappent dans leurs mains pour accompagner les tambours. L’attitude générale des danseurs est lascive et certains de leurs mouvements ont une connotation érotique (Durand, 2003). http://www.youtube.com/watch?v=8zK3vEQrMdQ




Lors du hivinau, les danseurs se déplacent en suivant deux cercles qui s’entremêlent. Les mouvements plus libres sont inspirés du style ‘ote’a, mais le rythme est moins exigeant (Durand, 2003).http://www.youtube.com/watch?v=QRQ3IjmfoKM


Bibliographie

Durand, Alain et Dagmar Durand. 2003. Tahiti et la Polynésie française, Paris : Hachette, 264 p.

Fayn, Marion. 2001. « La Danse à Tahiti : origines et sources (XVIIIe – début XIXe siècles) ». En ligne. http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/pacifique/tahiti/danse.html. Consulté le 4 juin 2012

Hayward, Philip. 2006. Bounty Chords : Music, Dance and Cultural Heritage on Norforlk and Pitcairn Islands. Londres : John Libbey, 248p.